Dans une forêt, vaste et profonde, Dame fourmi errait à la recherche d’un trésor…. Dame FOURMI n’ose pas exprimer sa colère: « mais comment trouver le bon chemin quand mon GPS est en panne ? » se demande t-elle. La fourmi est exigeante, c’est là son moindre défaut. Ponctuelle, réformatrice et agacée, sa rigueur entraîne les autres à se maitriser. En chemin, elle rencontre un Saint Bernard, toujours par l’idée de rendre service, motivé. « Par mon flair, laissez vous guider » argumenta t’il, « je vous montrerai le bon chemin ». La réponse ne se fit pas attendre: « Ce que vous avez autour du cou, n’est point un GPS, ni un trésor, j’ai donc raison de vous demander de passer votre chemin. » Tout triste, le Saint Bernard s’en va, et gardant à l’esprit de vouloir, à tout prix, aider la fourmi, rencontre un castor.
Or, vous le savez, mon cher lecteur, les castors ont été dotés par la nature du talent de l’architecture. Le mien s’estimait en cet art valoir Le Corbusier ou pour le moins Mansard. Laborieux, occupé à construire son logis, il n’aime pas perdre son temps à parler de sentiment, et partir à la chasse au trésor, encore moins. Et refuse de ralentir pour écouter le chien.
Ce dernier est alors interpellé par un gros perroquet coloré, échappé de sa cage.
Le volatile quelque peu théâtreux, soucieux de sa beauté et un peu envieux de ce que le Saint Bernard a autour du cou, lui tint un peu près ce langage : « Je suis venu m’établir dans ce bocage et avec vous partager mes états d’âme. Vous me trouvez, sur cet arbre perché, déprimé d’avoir été abandonné, mais enchanté par ma liberté retrouvée. »
Le chien, ravi d’avoir à qui parler, lui répondit : « Bel oiseau, dame fourmi a besoin de nous.Je suis sure qu’avec ta vision du haut du ciel, tu vas pouvoir l’aider avec moi à retrouver son
trésor. »
Le piaf, bien nommé, est sensible à la tristesse du molosse et sait écouter ses états d’âme. Pour le volatile, c’est évident, l’eldorado est unique. Mais la nuit tombe et la discussion des deux compères vient à déranger un hibou solitaire qui n’ose pas sortir de son trou.
Hou, hou, Monsieur hibou ….
Maître hibou sur son arbre perché, par la scène attristé, ne dit traitre mot, mais est mécontent d’être réveillé par tant de bruit. Lui connait bien la forêt, surtout de nuit. Plus calme que son comparse volatile, le hibou consent à dire quelques mots « à l’intérieur de la forêt se joue un drame, car un trésor enfoui ne profite jamais. Son éclat ardent se consume vivement. Mais… qui osera- encore révéler son âme ? la nuit porte conseil, passez votre chemin. »
La nuit est maintenant tombée et nos deux compères ne sont pas plus avancés. Le volatile se laisse facilement attrister et le chien est encore plus dépité de ne pouvoir répondre aux besoins de ceux qu’ils rencontrent , avec au fond du cœur, l’impression de tourner en rond.
Le petit matin arrive et toujours pas de trésor en vue …
Le retour de l’aube, entre chien et … singe. Le primate, un peu survolté, par leur histoire tout excité, prend à peine le temps de les écouter. Mieux que quiconque, celui-ci s’affranchit des lois de la pesanteur. Il sait virevolter et dépasser les nuages pour briller au soleil. La joie est sûrement ce qui lui est le plus naturel, il saute de branche en branche. Nos deux compères pensaient profiter de la position haute du hibou, mais se disent que l’agilité du singe leur permettra de prendre un peu de hauteur et voir la situation différemment. A peine le temps de lui poser la question : « Si tu sautes tout le temps, où te poses tu ? » qu’il a déjà disparu.
Aussi farfelue que cela puisse paraitre, dans cette forêt vivait aussi un kangourou. Ce dernier dormait à poing fermés. Il se réveille en sursaut, apeuré de voir un si gros chien accompagné par un oiseau coloré !
Cette feuille qui vient de tomber pourrait annoncer le chasseur, cette fougère qui frémit pourrait cacher un sanglier, ce minuscule nuage qui voile à peine le soleil pourrait devenir orage, et puis le chemin tourne, là-bas, on ne voit pas ce qu’il y a ensuite… et si la montée était trop rude ? Et s’il y avait un fossé infranchissable ? Et si… Et si…
Sa gorge se serre, son cœur bat la chamade, le voilà prêt à enfiler ses gants de boxe pour monter sur le ring et me sortir de la supposée situation pénible avant même de savoir de quoi il retourne… Soudain petit Kangourou sursaute, il a entendu un grand bruit. C’est un lion qui se réveille et rugit et il a très faim….
Au cœur de la forêt, chacun des animaux peut aussi entendre un autre cri, et pour être plus précis c’est un barrissement ! Chacun des protagonistes, soit sur place restent figés, soit se mettent à courir, mais au final dans une clairière dorée bien nommée, se retrouvent encerclés.
Le lieu résonne encore de ce bruit assourdissant et le sol vibre au son des pas lourds, faisant écho aux battements de tous ces cœurs réunis. Armé ou désarmé, avec des griffes et des crocs pour se défendre et d’autres qui n’ont que des poils et des plumes ou même qui sont nus, ils sont tous réunis autour de Dame fourmi, toujours par la recherche du trésor accaparée. C’est alors qu’apparait un éléphant, calme, prudent, habile. Nul ne sait d’un pas difficile se tirer plus adroitement que lui. Le lion est prêt à rugir encore une fois, mais l’éléphant, cependant, lui est contraire, et gentiment le fait taire, dusse t’il lui déplaire.
Colère, peur ou tristesse ont disparues. Tous nos amis ont parcouru un chemin différent et se retrouvent avec une petite impression de tourner en rond. Mais l’harmonie portée par le pachyderme, leur fait comprendre que la recherche du trésor a porté ses fruits :
Si je suis vivant, je suis oiseau ou je suis mammifère, petit ou grand, quelle importance ?
Le trésor, c’est de comprendre :
Que perfection n’est pas sérénité,
Servir les autres n’est pas humilité,
Surestimer ses capacités n’est pas la sincérité,
L’envie n’est pas l’équanimité,
Le secret n’est pas l’omniscience du savoir,
Le doute n’est pas la réflexion,
La gourmandise n’est pas de s’intéresser à tout,
L’excès n’est pas la vérité,
L’action de tout un chacun peut, dans une bienveillance partagée, aider chacun à trouver son trésor d’humanité et que le trésor peut être partagé.